Révélés par l’industrie métallurgique à partir du milieu du XIXe, les vestiges que l’hectare de parcelle dissimule appartiennent à un vaste site, d’une dizaine d’hectares au total. Les parties mitoyennes sont connues grâces à des fouilles préventives effectuées sous l’actuelle zone commerciale, en 1993 et en 2001-2002. C’est une des richesses de ce programme de fouilles : les connaissances ne se limitent pas à une parcelle du cadastre actuel, elles s’étendent à presque tout le site.
Les douze siècles durant lesquels le secteur est habité correspondent à la période gallo-romaine et aux deux premiers tiers du Moyen Âge.
A la période gallo-romaine, il s’agit d’une vaste villa, c’est-à-dire un grand domaine à la campagne appartenant à une riche famille d’aristocrates. D’après d’autres villas connues, les terres peuvent s’étendre sur un millier d’hectares. Champs, pâturages, troupeaux et forêts sont confiés à une centaine d’ouvriers agricoles. Au milieu de ce domaine trône un grand bâtiment résidentiel destiné aux propriétaires, dont les dimensions tiennent du palais. C’est cette partie à laquelle les fouilles des Crassées ont accès.
Au Moyen Âge, le site prend progressivement la forme d’un village, avec ses habitations, ses quartiers d’artisans, son église et son cimetière. Ce sont ces deux dernières parties qui sont fouillées aux Crassées, le reste a déjà fait l’objet de fouilles sous la zone commerciale. Au XIIe siècle, ou au début du XIIIe siècle, tout le village est abandonné. La population part probablement s’installer dans la ville nouvelle de Saint-Dizier, de son plein gré ou non…
Bien que l’Histoire découpe arbitrairement en deux ces douze siècles, le lien entre la période gallo-romaine et la période médiévale est évident aux Crassées. La seconde découle de la première. Il semble que les limites foncières du domaine gallo-romain restent encore d’actualité au Moyen Âge. Si le bâtiment résidentiel des propriétaires tombe en ruine au Ve siècle et devient une nécropole, les personnes qui y sont enterrées pourraient bien être les descendants des ouvriers agricoles gallo-romains. De même, l’installation des trois tombes de chefs mérovingiens à 200 mètres seulement de la villa n’est certainement pas un hasard. Il se pourrait qu’ils soient les héritiers, directs ou indirects, du domaine foncier.
C’est à toutes ces hypothèses que les archéologues se confrontent aux Crassées, pour essayer d’apporter une réponse solide, étayée.