Au IIe ou au IIIe siècle de notre ère, la riche famille à laquelle appartient la villa se fait construire de nouveaux bains, au pied de la pente des Crassées, qui serviront jusqu’au Ve siècle. Des bains plus anciens doivent exister, mais pour l’heure, on en ignore tout, même l’emplacement. Ils se trouvent pourtant nécessairement quelque part, car on sait que le premier bâtiment de la villa est créé au plus tard vers 50 de notre ère, et on imagine mal un édifice aussi luxueux sans salles balnéaires.
La fouille des bains a débuté en 2012. Aujourd’hui, 300 m² en sont connus, mais leur limite n’est toujours pas atteinte du côté nord. On compte neuf pièces : les vestiaires, quatre pièces chauffées dont deux équipées de baignoires ou de piscines, deux chaufferies, et une piscine froide. Le système de chauffage fonctionne comme un four : la chaleur des foyers allumés dans les chaufferies s’accumule dans les espaces creux ménagés sous le sol des pièces.
Les vestiges préservés correspondent aux fondations des murs et au dallage des sous-sols chauffés. Ce dallage est constitué de carreaux de terre cuite identiques à nos tomettes d’aujourd’hui. Le sol sur lequel marchait le baigneur est hélas détruit. Les milliers de tesselles noires et blanches retrouvées dans les couches de terre montrent qu’il marchait sur des mosaïques. En revanche, la piscine froide est dans un meilleur état de conservation puisqu’on y voit encore les dalles qui décorent le fond, celles que voyaient les baigneurs. Il s’agit de calcaire blanc dit « de Savonnières », du nom d’une des communes où sont connues des carrières d’extraction.
Contrairement aux autres calcaires, celui de Savonnières a l’avantage de se scier à la main. Les générations gallo-romaines semblent l’apprécier pour cela : la toiture et les murs effondrés retrouvés lors des fouilles sont tirés de ce matériau. La toiture est constituée de grandes dalles de deux à trois centimètres d’épaisseur où les traces de la scie sont encore visibles.
Le but principal de ces bains n’est pas seulement de se laver comme on le fait de nos jours, mais aussi de se détendre. En cela, ils s’apparentent plus aux saunas ou aux hammams qu’à nos salles de bain. Après avoir sué dans les salles surchauffées, le but est de terminer le parcours par un plongeon dans l’eau glaciale de la piscine froide. Le choc thermique provoque alors une profonde sensation de délassement.
Les bâtisseurs ont probablement choisi d’installer les bains au pied de la pente du terrain pour bénéficier de la source qui coule à cet endroit, encore aujourd’hui. Elle sort de terre contre la piscine froide, et ce n’est certainement pas un hasard : c’est là qu’elle la plus froide, 8° environ. Elle garantit un refroidissement très rapide du baigneur ! On pense même que l’eau coulait dans la piscine en permanence, en petit filet, de manière à ne pas avoir le temps de se réchauffer.
Malgré leur taille, malgré tout ce luxe, il faut bien retenir que ces bains ne sont pas de thermes publics tels qu’il en existe par exemple dans les villes romaines de Bourbonne- les-Bains ou de Langres. Ceux-ci sont privés. Ils ne sont destinés qu’à une seule famille, extrêmement riche, celle des propriétaires de l’immense villa des Crassées.