L’archéologie est une discipline étrange : elle détruit ce qu’elle étudie. Elle y est obligée : pour connaitre le contenu d’un site, il faut le vider. Lorsqu’une équipe d’archéologues a terminé l’étude d’un site, logiquement, il n’en reste plus rien. Tout est démonté. Par conséquent, les archéologues ont dû inventer des méthodes permettant de garder une trace virtuelle fiable de ce qui a été retiré. Plusieurs moyens sont utilisés : la conservation d’échantillons, la description écrite, la photographie, la topographie, et le dessin.
Il ne s’agit pas de dessin artistique mais technique, sur papier millimétré, où les dimensions sont exactes. Chaque pierre de chaque mur est représentée avec ses dimensions justes, de même pour chaque os de chaque squelette. Le résultat final donne chaque année un plan de tout ce qui a été observé, comparable à un plan d’architecte par exemple : tout peut être mesurable.
Dans cet exercice, le travail du topographe est fondamental. Sans lui, les dessins faits à la main flotteraient entre eux sans pouvoir être positionnés les uns par rapport aux autres. Muni d’un tachéomètre, c’est le topographe qui va enregistrer les informations géographiques des points de repères laissés au sol par les dessinateurs. L’appareil est capable de mesurer les coordonnées des points, au millimètre près, et de les garder en mémoire. Une fois importés dans un logiciel particulier, ces points vont former l’ossature du futur plan.