Depuis le début des fouilles aux Crassées en 2011, plusieurs centaines d’étudiants en archéologie ont intégré l’équipe. Participer à des fouilles est pour eux nécessaire à la validation de leurs trois premières années universitaires. Ils viennent de toutes les facultés françaises mais aussi de Suisse, d’Espagne, de Belgique, d’Italie, d’Autriche, du Canada et du Brésil ! Le site des Crassées bénéficie d’un excellent bouche-à-oreille, où il est réputé pour être très formateur.
Chaque année, l’équipe compte une quarantaine de fouilleurs bénévoles. Les étudiants en constituent l’essentiel mais une dizaine de places est également réservée aux bragards. Un appel à candidatures est lancé tous les mois de mars-avril pour les recruter.
Les quarante fouilleurs sont divisés en deux équipes équitables. La première se consacre à l’étude des sépultures. Elle est dirigée par Stéphanie Desbrosse-Degobertière, archéo-anthropologue professionnelle à l’Inrap, spécialisée dans la période médiévale. La seconde s’occupe de tous les autres vestiges, qu’il s’agisse de maçonneries ou de simples couches de terre. Raphaël Durost, lui aussi archéologue à l’Inrap, dirige cette partie. Sa spécialité concerne la Gaule romaine.
Mais l’archéologie ne s’arrête pas au bout des cinq semaines de fouilles, au contraire ! L’archéologie pourrait être comparée à l’analyse d’une scène de crime par la police : une fois les observations faites sur place, il faut analyser tous les objets récoltés, les distribuer aux différents spécialistes, et faire un rapport complet, avec résultats scientifiques, descriptions et photos à l’appui ! C’est ce qu’on appelle la post-fouille. On estime que pour une journée de fouilles, deux journées de post-fouille sont nécessaires. Lors de ces étapes, d’autres archéologues interviennent en nombre, selon leur spécialité : l’anthropo- biologiste, l’archéozoologue, le numismate, le carpologue, etc… Les sciences dures sont également sollicitées, pour la datation au carbone 14 ou pour la stabilisation chimique des objets en métal, dont la sortie de terre relance une corrosion fatale.
L’écriture du rapport de fouilles revient quant à lui à Stéphanie Desbrosse-Degobertière et à Raphaël Durost, les deux responsables du chantier. C’est une longue période d’isolement et de concentration, qui a lieu vers la fin de l’année, en novembre et en décembre.